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Couverts végétaux : les intentions sont là

Si l'intéret grandissant des agriculteurs pour les couverts végétaux ne fait aucun doute, des freins subsistent.

D’après notre enquête Agrodistribution-ADquation, 59 % des agriculteurs pensent implanter des cultures intermédiaires ou des couverts végétaux après la récolte 2023. Analyses et réactions de fournisseurs et distributeurs.

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Nouvelle Pac, plateformes d’essais, ateliers et webinaires… Les incitations pour mettre en place des couverts végétaux ne manquent pas. Mais où en sont les agriculteurs ? Notre baromètre Agrodistribution-ADquation indique que 59 % des agriculteurs pensent implanter des cultures intermédiaires ou des couverts végétaux après la récolte 2023.

Un marché en progression de 8 à 10 % par an

« C’est un bon reflet de la réalité », selon Jean-Lucien Gourgues, responsable du pôle agronomique du négoce Landreau qui pointe toutefois des mises en application irrégulières. « Les réalisations seront plus basses qu’espéré. Actuellement, les agriculteurs attendent l’arrivée des pluies, donc pour l’heure les implantations sont en stand-by », déplore-t-il. Mais l’intérêt des agriculteurs ne se dément pas, puisque « c’est un marché qui progresse et qui prend 8 à 10 % tous les ans », souligne-t-il.

Le semencier RAGT est assez confiant pour cette campagne : « Je ne serais pas surpris si on avait une augmentation de 20 % par rapport à 2022 où il y a eu des intentions qui ne se sont pas réalisées », envisage Jean-Michel Bellard, chef des ventes Fourragères et Santé du sol. Du côté de Semences de France, Frédéric Lievens, directeur marketing et développement, fait part d’une « forte demande en couverts, et notamment en mélanges, de la part des distributeurs qui sont de plus en plus à venir sur les plateformes d’essais dédiées ».

Si l’intérêt grandissant des agriculteurs pour les couverts végétaux ne fait aucun doute, des freins subsistent. « Certains continuent de voir les couverts végétaux comme une contrainte, une obligation réglementaire », constate Pierre Lachère, référent technique en couverts chez Unéal. Pourtant, « il faut aujourd’hui les raisonner comme une culture à part entière. Demain, nous en aurons besoin comme allié fasse aux changements climatiques. »

Des disparités régionales

Plus en détail, alors qu’ils sont 75 % à songer à l’implantation de cultures intermédiaires ou couverts végétaux dans le Nord-Est et 72 % dans l’Ouest, ils ne sont que 46 % dans le Sud. En effet, le Nord est davantage concerné par la directive nitrates et connaît un climat plus favorable. De plus, les cultures principales telles que « la betterave et la pomme de terre nécessitent des précédents antinématodes comme la moutarde. C’est donc une zone qui, historiquement, utilise les couverts », fait remarquer Édouard Varaigne, chef marché Agronomie et solutions chez Cérience. Aussi, l’enquête montre que les intentions sont plus fortes (80 %) dans les exploitations de plus de 150 ha de SAU que dans les exploitations de moins de 100 ha de SAU (44 %). Une répartition que Pierre Lachère explique par la présence, dans le Nord, d’industriels qui « poussent les grosses exploitations à s’inscrire dans des démarches d’agriculture de régénération avec notamment l’arrivée du crédit carbone ».

Partager les expériences

De nombreuses initiatives sont en cours, à l’instar de celle du négoce Landreau, qui travaille notamment depuis cinq ans avec l’association Apiviti sur les couverts mellifères. Quant à la coopérative Val de Gascogne, elle se lance dans le projet Adoptaé (lire encadré ci-dessous). « Depuis plusieurs années, nous nous intéressons à la thématique des couverts, relate Geoffrey Goulin, responsable communication et agriculture durable. Nous avons notamment créé en 2020, à la suite de la sollicitation grandissante des agriculteurs sur le sujet, un service d’accompagnement dédié, Val’sol. Donc lorsque la chambre d’agriculture d’Occitanie nous a contactés pour le projet Adoptaé, cela nous a paru naturel d’en faire partie. Aujourd’hui, Val’sol est composé d’une trentaine d’agriculteurs, l’objectif avec ce projet est de pouvoir l’étendre au plus grand nombre. »

La coopérative est présente sur deux ateliers, l’un en grandes cultures à cheval sur le Gers et le Tarn-et-Garonne, une zone caractérisée par des sols argileux et des étés secs, et l’autre, situé dans le Gers et dédié à la viticulture. « Avec ce projet, nous souhaitons répondre aux besoins de formation de nos agriculteurs, faire une passerelle entre eux et des experts, mais aussi partager avec le réseau Adoptaé les différents travaux réalisés, les bonnes idées, les expériences, et ouvrir nos réunions en bout de champ aux autres », explique Geoffrey Goulin.

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